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Chapitre 3 fixer les objectifs - Voix du client - Erreur totale admissible (ETa)

Objectifs analytiques

Lors de la vérification de méthode, le contrôle qualité sert à vérifier que les méthodes correspondent aux objectifs qualité définis par le laboratoire. La première étape consiste donc à définir les besoins du laboratoires sous forme d’une erreur totale admissible.

 

Il n’existe pas encore de consensus sur l’erreur totale admissible de chaque examen. Le seul consensus adopté est l’ordre de priorité à considérer lorsque le laboratoire fixe ses propres objectifs. 

 

La hiérarchie établie lors de la conférence de Stockholm en 1999 (confirmée à Milan en 2014) est la suivante :

  1. Critères cliniques (recommandations professionnelles publiées)

  2. Variation biologique 

  3. L’état de l’art

 

Ensuite il faut vérifier que les objectifs définis ne dépassent pas les limites d’erreurs maximales fixées par les autorités, par exemple la QUALAB pour la Suisse (www.qualab.ch).

 

Il est ensuite nécessaire de répertorier l’erreur totale admissible pour chacun des examens dans un document géré. Il est utile de garder un commentaire sur les critères de décision de chaque erreur totale admissible ETa. 

 

Critères cliniques : niveau 1

Il existe très peu de recommandations à disposition qui soient reconnues unanimement. En France, des critères ont été formulés pour l’HBA1c par la Haute autorité de santé. Les méthodes de mesure doivent avoir un CV inférieur à 5%. Il n’y pas d’exigence quant au biais ou d’erreur totale admissible. Le cas de la troponine est intéressant car un consensus a été établi en 2000 par l l’European society of cardiology et l’American college of cardiology. Il se sont entendus pour définir que l’élévation de la concentration en troponine sérique ou plasmatique au-delà du 99e percentile des valeurs obtenues pour la population saine de référence associée à des signes d’ischémie fait partie intégrante de la définition de l’infarctus du myocarde et donc de son diagnostic. Le consensus spécifie qu’à ce niveau, la reproductibilité analytique exprimée en coefficient de variation doit être inférieure à 10% ; à la parution du consensus en 2000 aucune méthode de mesure ne permettait d’atteindre cette exigence. Cette demande a entraîné d’importants efforts des fabricants pour améliorer la fidélité à ce niveau ; ces objectifs sont désormais atteignables avec les méthodes dites ultra-sensibles.

 

Variations biologiques : niveau 2

Les variations biologiques comprennent : la variabilité biologique intra-individuelle et la variabilité biologique interindividuelle. La variabilité intra-individuelle est une fluctuation aléatoire de la concentration d’un mesurande autour d’un point homéostatique chez un individu sain. Lorsqu’on répète un examen chez un individu au cours du temps, on aura donc une variation de nature aléatoire, qui peut être exprimée quantitativement avec un coefficient de variation intra-individuel, noté CVI (le I doit être en indice).  Tandis que la variabilité biologique interindividuelle est une variation de la concentration d’un mesurande autour du point homéostatique de plusieurs individus en bonne santé. On la note CVG (le G doit être en indice). Une équipe espagnole, menée par le Dr Carmen Ricos, a établi une base de données décrivant les variabilités biologiques de centaines d’examens. Elle a continuellement été enrichie et mise à jour sur le site web de Westgard JO : https://www.westgard.com/biodatabase1.htm. Depuis 2015, c’est l’EFLM (Fédération européenne de médecine de laboratoire) qui a repris ce  travail. Elle a décidé de revoir toutes les valeurs obtenues précédemment par des protocoles mieux standardisés. Le travail est énorme et à ce jour il n’y que peu de nouvelles valeurs obtenues à l’aide de ces nouveaux protocole et elles sont difficiles à trouver.

 

Exemple de protocole

Sur une période de 6 semaines consécutives, des échantillons ont été prélevés chez 91 personnes en bonne santé (38 hommes et 53 femmes; groupe d’âge, 21-69 ans) dans 6 laboratoires européens. Les échantillons ont été stockés à -80° C. Les examens ont ensuite été effectués en double sur tous les échantillons à l’aide d’un ADVIA 2400 (Siemens Healthineers). La variation biologique est finalement déterminée après un traitement statistique (par exemple recherche et élimination de valeurs aberrantes, etc.).

 

Détermination des objectifs sur la base des variations biologiques

Fraser*, Ricos et al.** ont établi des limites supérieures d’acceptabilité analytique comme des proportions des variations biologiques

  • intra-individuelle 

  • inter-individuelle 

 *   Fraser CG. Biological variation : from principles to practice. Washington : AACC Press, 2001.

 ** Ricos C, Alvarez V, Cava F, et al. Current databases on biological variations : pros, cons and progress. Scand J Clin Lab Invest 1999 ; 59 : 491-500.

Les objectifs d'erreur totale admissible sont fixés selon une probabilité définie en tenant compte  du biais et du défaut de fidélité.

 

Les objectifs de performance peuvent être:

  • Minimum (juste ok)‏

  • Souhaitable (moyen, le plus communément admis)‏

  • Optimum (très bon, excellent)‏

 

Sur la base des objectifs de performance on peut calculer l'erreur totale acceptable. Les formules sont les suivantes :

 

Somme de la fidélité (%) multipliée par un facteur z et du Biais (%)‏ 

 

Le biais doit être exprimé en % mais sans signe, c’est à dire qu’il faut prendre la valeur absolue du biais (même si paradoxalement il est exprimé en %…).

 

Erreur totale acceptable(ETa) = (Fidélité x z) + |Biais |

 

  • le défaut de fidélité intermédiaire souhaitable ne doit pas excéder un quart (optimum) à trois quarts (minimum) du 

Cela signifie qu’à partir du

on définit les objectifs pour le CV analytique noté

qui est la fidélité intermédiaire de notre méthode analytique. Traditionnellement c'est la moitié soit 1/2 qui est choisi. 

CVa=demiCVi.gif
  • l’erreur de justesse (biais) souhaitable, ne doit pas excéder 0,125 (optimum) à 0,375 (minimum) de

  • l’erreur totale souhaitable ne doit pas excéder la somme de l’erreur de justesse et de 1,65 fois le défaut de fidélité (1,65 pour une probabilité à 95% ou 2,33 pour une probabilité de 99%)

Choix du facteur Z.001.jpeg
Variabilités_biologiques_1.gif
Variabilités_biologiques_3.001.jpeg

Etat de l’art : niveau 3

Cette approche est souvent appliquée par les organismes de comparaisons interlaboratoire (organismes de contrôle qualité externe). Par exemple, en Allemagne, le RiliBÄK fixe les objectifs sur les 90e ou 95e percentiles des participants. Le groupe de travail de la SFBC « Normes de validation du protocole de validation de techniques » a retenu comme objectif souhaitable les performances réalisées par 50 % des meilleurs résultats d’un grand nombre de laboratoires participant à divers contrôles externes de qualité français. 

 

Au niveau du laboratoire, s’il n’existe pas d’objectifs clairs, il est courant de fixer les objectifs comme étant 3 fois l’écart-type ou le CV analytique.

Exigences légales

Au niveau Suisse c’est la QUALAB qui est compétente pour définir les exigences. Chaque année une mise à jour des exigences est disponible sur leur site internet www.qualab.swiss.

 

Chaque pays publie ses propres exigences et elles peuvent être parfois assez différentes d’un pays à l’autre.

https://www.westgard.com/consolidated-goals-chemistry.htm

https://www.westgard.com/hematology-goals.htm

Royal College of Pathologists of Australasia

https://www.westgard.com/rcpa-biochemistry.htm

Chapitre_03_-_Voix_du_Client_définitif_à
Chapitre_03_-_Voix_du_Client_définitif_à

Consensus au niveau d’un laboratoire ou d’un groupe de laboratoires 

En conséquence chaque laboratoire doit établir pour chacune de ses méthodes une erreur totale admissible exprimée en valeur absolue et/ou en valeur relative. Il faut aussi déterminer les seuils décisionnels et y associer un contrôle qualité interne. Dans certains cas il peut être intéressant d’avoir jusqu’à 4 niveaux de contrôles différents. Ces données doivent être réunies dans un document qui est géré au niveau du laboratoire ou de son groupe s’il fait partie d’une entité plus grande. Toutes les modifications doivent être ensuite tracées et justifiées au fur et à mesure de l’évolution du document.

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